Un auteur
différent
Le vagabond de Tokyo, Yoshio Hori, jeune homme un peu paumé, est un
véritable galérien social et sentimental. Il alterne les jobs mal payés à la
journée, se nourrit de nouilles bon marché, aime l'alcool et claque sa paie
dans les bars à hôtesses. Il vit dans une chambrette crasseuse de la
résidence Dokudami, un vieux bâtiment au loyer très bas où il côtoie de
drôles de voisins. On est loin de Maison
Ikkoku (Juliette je t'aime) même si le lieu a des points communs et réunis
des gens en marge, on touche plutôt le côté underground et sordide du japon.
Takashi Fukutani, l'auteur, a eu une vie assez mouvementée entre
alcoolisme et manga. En cela on pourrait l'apparenté à Bukowski, Burroughs, à
ces hommes ivres ou drogués que l'existence a malmené , obsédés par le sexe
mais créateurs géniaux . Fukutani a bâti une partie de sa réputation sur des
histoires romantiques et de bandits mais son oeuvre majeure est bien
" résidence dokudami" . Il est rare de voir parler de cette misère de
fin du vingtième siècle du Japon dans le manga avec autant d'humour et de
détachement. Fukutani est décédé à 48 ans en 2000 d'un oedème pulmonaire.
Le japon était très attaché à ce mangaka un peu spécial.
À la
fois drôle et pathétique,
Yoshio a bien du mal à se lever le matin, à
trouver une petite copine à garder un travail mais c'est aussi pour cela qu'on
l'adore. Car Yoshio est un Pierre Richard de l'amour, un monsieur Hulot de la
libido, il tombe amoureux de filles qui lui fileront sous les doigts, ne lui
laissant que les magazines papiers glacés dans sa chambre poussiéreuse et les
poches vides.
Car ce qui nous touche chez Yoshio c'est sa solitude, sa
difficulté à avoir de véritables amis, à fantasmer les femmes qui l’entourent
et il est près à tout pour cela même travailler pour des Glory hole, à se
travestir... Et quand bien même la chance le touche il fait tout pour perdre ce
qu'il gagne. Parfois abject, souvent fainéant, il est un peu l'adolescent
attardé que l'on a été dans toute sa maladresse et perpétuellement en quête de sexe. Mais il
est si gai, si joyeux et si peu défaitiste que ses aventures surréalistes
deviennent plaisantes et burlesques. Toute cette misère passe en décor de fond auquel
on s'adapte. Yoshio côtoie Yakuza, prostituée, obsédé sexuel, bref le bas fond
de la société japonaise avec un naturel sans pareil.
Un Gaston Lagaffe
japonais?
Le style de Fukutani n'est pas des plus esthétique. S'éloignant
parfois du manga, le dessin ressemble parfois à celui des européens réalistes
ou encore à celui de la série le collège fou fou sans le SD(super deformed).
L'auteur aime beaucoup malmener son personnage principal et le met dans des
situations assez grotesques et comiques qui transparaissent dans le
dessin. Mais Durant la lecture de ces 3 tomes, j’ai toujours eu de la
peine pour Yoshio et me suis trouver à essayer de trouver l'épisode, à travers
ces pages, où il trouvera enfin le bonheur. Car comme tout les grands comiques,
Yoshio cache beaucoup de souffrances derrière cette apparence clownesque
et il en devient émouvant. Une sorte de Gaston Lagaffe, en somme, avec la
libido extravertie et la malchance en plus. Sinon "le vagabond de Tokyo
" n'est pas à mettre entre toute les mains (-16ans). Les prudes
trouveront cela vulgaire car FUKUTANI a un humour (bien qu'apprécié en Asie)
assez "pipi caca prout" et l'on trouve aussi beaucoup de scènes de
sexe plus ou moins de bon goût. |
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