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lundi 29 octobre 2012

LE VAGABOND DE TOKYO, triste libido

  Tome 3tokyo Lullaby



  • Editeur : Le Lézard noir
  • Scénario : Takashi Fukutani
  • Dessin : Takashi Fukutani
  • Note scénario : 7/10
  • Note dessin : 6,5/10

  • Un auteur différent

    Le vagabond de Tokyo, Yoshio Hori, jeune homme un peu paumé,  est un véritable galérien social et sentimental. Il alterne les jobs mal payés à la journée, se nourrit de nouilles bon marché, aime l'alcool et claque sa paie dans les bars à hôtesses. Il vit dans une chambrette crasseuse de la résidence Dokudami, un vieux bâtiment au loyer très bas où il côtoie de drôles de voisins. On est loin de Maison Ikkoku (Juliette je t'aime) même si le lieu a des points communs et réunis des gens en marge, on touche plutôt le côté underground et sordide du japon.

    Takashi Fukutani, l'auteur, a eu une vie assez mouvementée entre alcoolisme et manga. En cela on pourrait l'apparenté à Bukowski, Burroughs, à ces hommes ivres ou drogués que l'existence a malmené , obsédés par le sexe mais créateurs géniaux . Fukutani a bâti une partie de sa réputation sur des histoires romantiques et de bandits mais son oeuvre majeure  est bien " résidence dokudami" . Il est rare de voir parler de cette misère de fin du vingtième siècle du Japon dans le manga avec autant d'humour et de détachement.  Fukutani est décédé à 48 ans en 2000 d'un oedème pulmonaire. Le japon était très attaché à ce mangaka  un peu spécial.
     

    À la fois drôle et pathétique,  

    Yoshio a bien du mal à se lever le matin, à trouver une petite copine à garder un travail mais c'est aussi pour cela qu'on l'adore. Car Yoshio est un Pierre Richard de l'amour, un monsieur Hulot de la libido, il tombe amoureux de filles qui lui fileront sous les doigts, ne lui laissant que les magazines papiers glacés dans sa chambre poussiéreuse et les poches vides. 
    Car ce qui nous touche chez Yoshio c'est sa solitude, sa difficulté à avoir de véritables amis, à fantasmer les femmes qui l’entourent et il est près à tout pour cela même travailler pour des Glory hole, à se travestir... Et quand bien même la chance le touche il fait tout pour perdre ce qu'il gagne. Parfois abject, souvent fainéant,  il est un peu l'adolescent attardé que l'on a été dans toute sa maladresse  et perpétuellement en quête de sexe. Mais il est si gai, si joyeux et si peu défaitiste que ses aventures surréalistes deviennent plaisantes et burlesques. Toute cette misère passe en décor de fond auquel on s'adapte. Yoshio côtoie Yakuza, prostituée, obsédé sexuel, bref le bas fond de la société japonaise avec un naturel sans pareil. 

    Un Gaston Lagaffe japonais? 

    Le style de Fukutani n'est pas des plus esthétique. S'éloignant parfois du manga, le dessin ressemble parfois à celui des européens réalistes ou encore à celui de la série le collège fou fou sans le SD(super deformed). L'auteur aime beaucoup malmener son personnage principal et le met dans des situations assez grotesques et comiques qui transparaissent dans le dessin. Mais Durant la lecture de ces 3 tomes, j’ai toujours eu de la peine pour Yoshio et me suis trouver à essayer de trouver l'épisode, à travers ces pages, où il trouvera enfin le bonheur. Car comme tout les grands comiques, Yoshio cache beaucoup de souffrances  derrière cette apparence clownesque et il en devient émouvant. Une sorte de Gaston Lagaffe,  en somme, avec la libido extravertie et la malchance en plus. Sinon "le vagabond de Tokyo " n'est pas à mettre entre toute les mains (-16ans). Les prudes  trouveront cela vulgaire car FUKUTANI a un humour (bien qu'apprécié en Asie) assez "pipi caca prout" et l'on trouve aussi beaucoup de scènes de sexe plus ou moins de bon goût. 

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